{"id":313,"date":"2022-11-11T18:23:44","date_gmt":"2022-11-11T18:23:44","guid":{"rendered":"https:\/\/melikashafahi.com\/plus-proche\/"},"modified":"2025-03-05T13:14:29","modified_gmt":"2025-03-05T13:14:29","slug":"plus-proche","status":"publish","type":"post","link":"https:\/\/melikashafahi.com\/fr\/plus-proche\/","title":{"rendered":"Plus proche"},"content":{"rendered":"\n

Mon travail tourne autour de la question du lien entre des individus et des lieux. Pour cette r\u00e9sidence \u00e0 la Friche Belle de Mai, je me suis int\u00e9ress\u00e9e aux jeunes qui fr\u00e9quentent la Friche. Ce sont eux que l\u2019on voit en premier en entrant \u00e0 la Friche ; ils sont une part importante de son identit\u00e9. Dans cette s\u00e9rie, j\u2019ai voulu aborder le site de la Friche en tant qu\u2019espace social, lieu de vie et de mixit\u00e9. La diversit\u00e9 des installations draine, dans une m\u00eame enceinte, des publics vari\u00e9s, dont certains ne se rencontrent que tr\u00e8s rarement. Ces mondes diff\u00e9rents n\u2019ont pas obligatoirement d\u2019interactions directes, toutefois, ils partagent un lieu o\u00f9 les uns et les autres int\u00e8grent le paysage quotidien de chacun. Les jeunes qui ont pos\u00e9 pour mes clich\u00e9s ont grandi avec internet. Ils sont depuis toujours expos\u00e9s \u00e0 une masse indistincte d\u2019images. Ils sont eux-m\u00eames producteurs d\u2019images. \u00c0 travers les r\u00e9seaux sociaux, ils se sont habitu\u00e9s \u00e0 passer par le truchement d\u2019une mise-en-sc\u00e8ne photographique dans leurs rapports \u00e0 l\u2019autre.<\/p>\n\n\n\n

Dans chacune de mes photographies, mes mod\u00e8les se voient attribuer un tissu et une image comme accessoires. Les tissus sont souvent tr\u00e8s color\u00e9s, parfois clinquants, imitant les codes du luxe. Ce sont des tissus issus de l\u2019apparat populaire. Les images ins\u00e9r\u00e9es aux mises en sc\u00e8nes sont des photographies, soit glan\u00e9es sur un moteur de recherche, soit de l\u2019artiste Torbjorn Rodland, dont le travail joue de cette ambigu\u00eft\u00e9 entre googlisation des ic\u00f4nes et oeuvres d\u2019art.G\u00e9n\u00e9ralement assez indiff\u00e9rents \u00e0 ces accessoires, les mod\u00e8les ont toutefois accept\u00e9 de poser avec, afin d\u2019aboutir \u00e0 une image publique. Dans cette s\u00e9rie, j\u2019ai donc photographi\u00e9 des jeunes de la Friche, mis-en-sc\u00e8ne \u00e0 l\u2019int\u00e9rieur de la Friche. Le dispositif est centr\u00e9 sur ces jeunes dont le rapport aux images est aussi riche que complexe. Il ne s\u2019agit pas, \u00e0 proprement parl\u00e9, d\u2019en faire le portrait, mais plut\u00f4t de questionner la fa\u00e7on dont ils se repr\u00e9sentent eux-m\u00eames, et ce qu\u2019ils acceptent de montrer aux autres. J\u2019ai aim\u00e9 \u00eatre celle qui, pendant quelques mois, a eu le r\u00f4le de chef d\u2019orchestre de ce projet collectif, effa\u00e7ant toute diff\u00e9rence sociale et g\u00e9n\u00e9rationnelle, le moteur ici \u00e9tant de les ouvrir \u00e0 des concepts, de leur offrir des gestes, des espaces de r\u00e9flexion, qu\u2019ils deviennent les acteurs de projets artistiques li\u00e9s \u00e0 leur relation avec un espace dont ils sont aussi les habitants.<\/p>\n\n\n\n